Collation,
pas une boîte oubliée mais un mot!
Une histoire vécue bien sympa.
Dernièrement j'ai demandé à ma sœur: si je te dis le mot "collation" , ça t'évoque quoi?
Oh! ouiiiiiiii ! tu te souviens?
Alors je vous raconte.
Quand nous sommes arrivés en France, j'avais 10 ans et ma sœur 12. Nous nous sentions vraiment dépaysées, nous étions "différentes". C'était en 1952 et non en 1962, 10 ans avant l'arrivée des rapatriés d'Algérie. Un peu des zoulous quoi : mes frères avec leur chemise sur le pantalon ...
Différentes? oui
Notre accent,
Notre façon de vivre: nous n'allions pas à la messe le dimanche, comme toutes les familles qui composaient la caserne de gendarmerie dont notre père avait le commandement.
Pas baptisées, alors encore moins fait de communion.
Et en plus nous allions à l'école communale et non catholique!
Alors...
Et dans cette caserne il y avait un gendarme qui avait été marié et avait un garçon. La maman est décédée peu de temps après et ce brave homme se remaria avec sa belle-sœur , sœur de sa femme qui éleva son fils.
Description de cette dame que je nommerai Madame S. : une petite souris grise et noire, très gentille, dévote, allant jusqu'à la bigoterie. Elle allait à la messe tous les dimanches à 9h (et sans doutes aux vêpres) tandis que sa voisine du dessus, elle, c'était à 11h! et tous les dimanches après-midi, nous avions droit devant nos fenêtres:
"Madame E., avez-vous écouté le sermon de monsieur le curé ce matin ?"
Et de sermon en autres parlotes on avait toutes les nouvelles du village, que notre mère nous répétait à table.
J'en arrive à ce fameux mot: collation
Nous avions aussi un langage un peu à part, notre vocabulaire était différent aussi. Et il nous fallait faire avec, remplacer nos mots par les mots d'ici.
Chaque gendarme avait un bon lopin de terre pour y cultiver ses légumes ou fleurs.
Un (je maintiens le masculin pour ce mot!!) après-midi où nous prenions notre "goûter" ou notre "4 heures" comme vous voulez, dans la parcelle de notre père, nous vîmes arriver notre petite souris grise un peu plus loin. Et elle nous dit: "C'est la C------tion?" trop loin pour entendre sa petite voix, nous la fîmes répéter: "c'est la C-----tion?"
Nous avons fini par acquiescer. Et quand elle est partie, nous avons ri sous cape toutes les deux, ne sachant pas ce qu'elle nous avait demandé. Et pas moyen de chercher le mot dans le dictionnaire.
Et toutes deux de dire en nous esclaffant : "c'est encore un mot de curé! " ça ressemblait tellement à : dévotion, procession etc.
Et depuis nous rions beaucoup quand nous parlons de "collation" car c'était un mot que nous ne connaissions pas et en en regardant la signification et l'origine voici ce que j'ai trouvé:
Collation: repas léger que les catholiques font les jours de jeûne pour remplacer le souper, et par extension un repas léger pris au cours de la journée
En fait nous n'étions pas loin de la vérité.
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