Mare medi terra
Dites, vous souvient-il, cher frère, chère sœur,
De ce tapis d’azur aux vagues fascinantes
Qui déployaient sans fin, avec d’incessants heurts,
Les innocents galets et les algues flottantes ?
Dites, vous en souvient-il de cette onde bleue,
A fleur de sel, et son éternel clapotis,
Bruissant et chuintant sur les lourds fonds sableux,
Saturés de mille légendes englouties ?
Vous en souvient-il encor de l’odeur iodée,
Du goémon fin déraciné des rochers,
Et échelonné en longs rubans torsadés,
Sur les plages brûlantes de galets jonchées ?
Tantôt calme sous Zéphyr, tantôt agitée
Sous Notos, il exhalait de ses profondeurs ,
Et de son grand manteau écumant et bleuté
De longs soupirs ensorcelants et enjôleurs.
Son pudique reflux, éternelle Thétys,
Psalmodiait inlassablement des litanies,
Couvertes d’écume à reflets myosotis,
Au creux des criques, telle une lente agonie.
Près d’elle, nous étions les enfants du soleil,
Loin d’elle, nous sommes les dauphins de l’exil,
Bannis, un murex nacré collé à l’oreille,
En compensation d’un sonotone aquatil.
Vous souvient-il enfin de ses vagues jetées
En gerbes blanches sur le vieux môle glissant,
Sur ses îlots perdus dans son immensité ?
Mais peut-être avons-nous rêvé en vieillissant ?
Yvette
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