Je vous livre ici un poème que nous avons écrit à Deux, mon mari et moi.
Lui me parlait de ses souvenirs dans la maison de ses parents, juste derrière la nôtre et moi je mettais cela sous forme poétique.
Maintenant, notre maison a été vendue puisque mon mari n'est plus là et je ne vois plus celle où il est né mais je sais qu'elles vivent toutes les deux et seront toujours debout quand, à mon tour, je n'y serai plus.

Un tableau que j'ai fait il y a très longtemps
sur la petite maison où est né mon mari.
Souvenirs
Tant de beaux souvenirs tournent dans ma mémoire.
Souvenirs d’enfant, souvenirs d’adolescent.
Odeurs et bruits émergent en force le soir
Me renvoyant vers ce passé encor présent.
Une petite maison basse aux murs blanchis,
Au faîtage et au toit de tuiles ocre rouge ;
Un jardin pour y cueillir des fleurs et des fruits ;
Un portillon grinçant que seul le vent entrouvre.
Les yeux pleins de lumière, je me transporte
Vers cette demeure cinquante ans en arrière,
M’attardant un instant devant la vieille porte
Au joli vitrail octogonal rouge et vert.
J’entends encore le carillon de la pendule,
Et le bruit des sabots de mon père dans les allées,
Et les crickets dans le jardin au crépuscule,
Et le doux zézaiement des abeilles zélées.
Je souris en me revoyant encore enfant,
Grimpant sur l’échelle ou allongé dans le foin,
Ou galopant derrière un cerceau titubant
Me roulant dans l’herbe sèche avec les copains.
Je respire l’été, l’odeur des confitures
Cuisant et caramélisant sur le trépied,
Le parfum de prune à la fine mordorure,
Les fraises, les cerises et le cassissier.
L’odeur des crêpes sur la vieille cuisinière,
Ou du pot-au-feu qui rassemblait la famille
Tout autour de la table les soirées d’hiver,
Le bon petit rouget excitant nos papilles.
Mélange subtile d’odeurs et de couleurs,
Muguet parfumé, jonquilles et mimosa,
Hortensia, rosier grimpant à multiples fleurs,
Laurier rose, tendre daphné et blanc lilas.
Septembre et les vendanges, la vigne et le vin.
Et le cliquetis du clapet dans le pressoir,
Les grappes lourdes chargées de leurs précieux grains,
Et le jus vermeil et sucré si doux à boire.
Les effluves du vin nouveau qui bouillonne
Dans les vieux tonnelets de chêne du cellier
Le claquement sourd de la pompe qui résonne,
Et l’eau fraîche du puits pour nous revivifier.
La véranda et les géraniums de ma mère,
Et le banc pour s’asseoir à l’abri du soleil,
La chatte et le chien à ses pieds, solidaires.
Une douce quiétude envahit l’atmosphère.
Ils sont partis laissant, libre, la place à d’autres,
Mais elle, elle est toujours là, présente et fidèle.
Elle a refait sa vie et elle n’est plus des nôtres,
Mais de mon jardin je veille toujours sur elle.
Michel et Yvette Le Quéau
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