Bip, le coquin
Surnom : Titi, Titou, Bipou, Coquinou, Calin, Calinou. 1984
Tous ces surnoms ainsi que son nom «personnalisent» bien l’animal. Et il répondait à tous
ces noms !
Pourquoi Bip ? Quand il a débarqué à la maison tout bébé, au printemps 1984, il
courrait partout à toute vitesse, cela faisait longtemps que l’on n'avait pas eu de petite chose pareille. Il était temps qu’il se passe quelque chose à la maison, on s’encroûtait, la vie était
monotone. On peut dire qu’il nous a tous réveillés.
Quelque temps auparavant, j’avais confié à Patricia, mon envie d’avoir un bébé chat, surtout
un chat noir. On approchait de la fête des mères. Voyez comme le hasard fait bien les choses. Patricia qui travaillait dans une grande surface, entendit au haut-parleur qu’un petit chat avait été
trouvé dans le parking et qu’il était à la disposition de qui voulait l’adopter. « S’il est noir, je le prends » et voilà notre Bip à la
maison. Beau cadeau pour la fête des mères !
C’était un petit voyou, qui courrait partout, difficile à éduquer. Elles ont toutes
essayé : Ati, Nénette, et Fifi. C’est Fifi la sauvage qui l’a pris sous son aile, mais pas pour longtemps. Quand il a commencé à grandir, il a pris son indépendance et a préféré se servir de
sa mère adoptive comme d’une copine à qui on peut faire des farces. Ce qu’il ne se gênait pas non plus de faire avec les autres. Il se cachait et leur faisait peur. C’était son grand
plaisir.
Quand je suis partie à la fin de l’année à Compiègne (près de Mimitte), il a eu un petit
problème et Michel et Patricia l’ont emmené chez le vétérinaire et quand je suis revenue, mon petit bébé n’était plus « entier», ce qui n’avait pas l’air de l’affecter outre
mesure.
(Pendant les vacances avec Dorian bébé dans le petit
lit d'appoint.)
Il était splendide, d’un noir de jais brillant de la truffe jusqu’au bout de sa queue qui
était longue et fournie, sans aucun poil blanc, pas la moindre tâche. Ses coussinets, noirs bien sur, et brillants avaient gardé la tendresse de leur jeunesse, presque des coussinets de bébé. Son
pelage est toujours resté noir, sans aucun reflet roux. Il avait de splendides yeux verts, doux, attirants. Il a toujours été notre bébé.
Patricia m’a raconté, qu’un matin, alors qu’elle n’était pas encore levée, elle m’a entendu
disputer cette petite vermine qui empoisonnait encore les chattes. Deux minutes après, il montait dans sa chambre et se faufilait sous ses draps en
faisant son câlin comme s’il ne s’était rien passé ; il avait le don pour se faire bichonner. Il adorait ça et nous aussi.
Bip avait un beau pelage noir et quand il s’allongeait sur le dos, ce qu’il adorait faire,
on ne voyait que ses tétines blanches, bien symétriques. Un jour qu’il s’était enfoui sous une couverture, j’ai regardé dessous pour l’admirer dans son sommeil. Il faisait sombre mais j’ai quand
même vu deux yeux qui me regardaient. Alors je lui ai parlé, et bavarde comme je le suis avec eux, au bout d’un moment il a remué et là, surprise, c’était avec ses tétines que j’étais en
conversation. Le fou rire !
Il était un des rares à sortir du jardin. Il allait chez les voisins mais ceux-ci
l’acceptaient car il était chasseur. Tout mon petit monde rentrait le soir, dès qu’on sifflait. Mais un jour, notre Titi s’est laissé surprendre et s’est fait enfermer dans le garage des voisins.
Il était onze heures du soir et je l’entendais miauler. J’ai téléphoné et ils sont gentiment venus le libérer.
Une autre fois, nous l’avons vu rentrer à la maison avec le poil tout gras et d’une saleté
et d’une odeur repoussantes. Et encore, il avait fait sa toilette ! Ce qu’il n’aurait pas dû faire car nous en avons déduit qu’il était sans doute tombé dans un récipient d’huile de vidange
de voiture d’un de nos voisins. Je l’ai bien nettoyé. Il s’est laissé faire gentiment. Mais il était trop tard, le mal était fait. Il s’était empoisonné en se léchant. Encore une fois, direction
vétérinaire de remplacement. Il l'a gardé sous surveillance. Quand nous sommes revenus le chercher, nous étions seuls dans la salle d’attente. Nous
entendions des miaulements atroces. J’avais de la peine à reconnaître mon Titou. J’ai frappé à la porte du cabinet, il n’y avait personne. Sur la table, dans un panier inconnu, mon pauvre chat
hurlait, non de douleur, mais de désespoir d’être seul. Quand il m’a reconnue, il s’est calmé puis le docteur est arrivé pour le libérer. Il allait mieux.
Il a eu une tumeur à l’anus. Lui qui ne voulait pas qu’on le soigne quand il avait une plaie
quelconque, s’est laissé faire gentiment, il nous a agréablement surpris. C’était cancéreux mais là encore notre vétérinaire a fait des prouesses, il s’en est bien sorti, heureusement, car nous
aurions mal accepté une maison sans notre Titi.
A l’époque nous avions une bien belle petite
famille, ils étaient neuf au total, neuf adorables chats adultes. Ati, Fifi, Mimitte, Calypso, Bip, Coquine et ses trois «petits» Chouchou, Chipie et Dorothée. Bien sûr, il y avait une
majorité de chattes mais c’est le hasard qui en a décidé ainsi. J’étais fière de cette petite famille qui s’entendait à merveille, les chats entre eux et aussi avec les deux chiens ; il y
avait vraiment une bonne entente. Nous avions pris l’habitude de les faire entrer tous les soirs. Ils vivaient au même rythme que nous, la nuit à la
maison, dès l’aube ils sortaient et nous, nous partions au travail. Quel plaisir au moment de la soupe, matin et soir ! Chacun son assiette, presque tous regroupés dans la cuisine, sans
grincement de dents. Et la maladie est arrivée. Avec mes allées et venues au CHU, il a fallu que Michel prenne la relève. Mes protégés ne comprenaient rien. Je ne me levais pas pour leur donner à
manger. Bah ! Après tout, notre maîtresse est toujours là et la soupe est la même. De ma chambre j’entendais les bruits de gamelles, les miaulements
d’impatience et puis le silence et petit à petit, il y en avait un ou deux qui venaient me rendre visite. Je n’ai jamais été seule. Michel devant partir travailler après les soins quotidiens, ils
m’ont aidé moralement bien des fois et cela je ne l’oublierai jamais.
Depuis quelques jours, notre bébé n’avait pas beaucoup d’entrain. Je le surveillais de près,
j’avais le temps, puisque j’étais à la maison, et je me remettais doucement. On l’a donc emmené en consultation, il n’y avait rien de particulier mais il fallait quand même être vigilant. Deux
jours plus tard, je l’ai vu venir dans la salle d’eau, et me provoquer pour jouer avec lui à cache-cache comme il en avait l’habitude. J’étais rassurée, je l’ai bichonné, il a ronronné, tout
allait bien. Il faisait beau. Nous sommes partis chez le vétérinaire pour acheter des croquettes, il était allongé sur le banc dehors, un gros bisou et à tout à l’heure. A notre retour, notre
gros chat était toujours dans la même position, malheureusement, il ne vivait plus. Qu’a-t-il bien pu lui arriver ? Une crise cardiaque ? Une congestion cérébrale ? Une tumeur
interne qui aurait éclaté ? Mystère. Toujours est-il que je n’avais pas besoin de ce nouveau départ. Ce fut terrible. La maison était vide sans lui. Les autres n’ont pas été trop chagrinés
car il était devenu plus calme avec l’âge. Il avait douze ans, comme Mimitte. Ils sont arrivés presque en même temps et sont partis de même. Et voilà, je n’avais plus de chat noir.
Je suis allée à Animaux Assistance, j’ai pris un chat noir et blanc qui paraissait triste,
Zach ; son comportement étant étrange, je l’ai emmené en consultation. Il avait la leucose, il a fallu l’euthanasier. Je ne l’ai eu qu’une semaine mais cela suffisait pour me déchirer le
cœur. Je suis retournée au refuge et je leur ai pris en échange Aphrodite, et enfin Saona une petite diablesse noire.