J'ai peint ce tableau il y a une vingtaine d'années,
d'après une photo datant de 1962.
Mon mari est né dans cette petite maison.
Elle était encore plus petite à l'époque .
Souvenirs
Tant de beaux souvenirs
tournent dans ma mémoire.
Souvenirs d’enfant, souvenirs
d’adolescent.
Odeurs et bruits émergent en
force le soir
Me renvoyant vers ce passé
encor présent.
Une petite maison basse aux
murs blanchis,
Au faîtage et au toit de
tuiles ocre rouge ;
Un jardin pour y cueillir des
fleurs et des fruits ;
Un portillon grinçant que
seul le vent entrouvre.
Les yeux pleins de lumière,
je me transporte
Vers cette demeure cinquante
ans en arrière,
M’attardant un instant devant
la vieille porte
Au joli vitrail octogonal
rouge et vert.
J’entends encore le carillon
de la pendule,
Et le bruit des sabots de mon
père dans les allées,
Et les crickets dans le
jardin au crépuscule,
Et le doux zézaiement des
abeilles zélées.
Je souris en me revoyant
encore enfant,
Grimpant sur l’échelle ou
allongé dans le foin,
Ou galopant derrière un
cerceau titubant
Me roulant dans l’herbe sèche
avec les copains.
Je respire l’été, l’odeur des
confitures
Cuisant et caramélisant sur
le trépied,
Le parfum de prune à la fine
mordorure,
Les fraises, les cerises et
le cassissier.
L’odeur des crêpes sur la
vieille cuisinière,
Ou du pot-au-feu qui
rassemblait la famille
Tout autour de la table les
soirées d’hiver,
Le bon petit rouget excitant
nos papilles.
Mélange subtile d’odeurs et
de couleurs,
Muguet parfumé, jonquilles et
mimosa,
Hortensia, rosier grimpant à
multiples fleurs,
Laurier rose, tendre daphné
et blanc lilas.
Septembre et les vendanges,
la vigne et le vin.
Et le cliquetis du clapet
dans le pressoir,
Les grappes lourdes chargées
de leurs précieux grains,
Et le jus vermeil et sucré si
doux à boire.
Les effluves du vin nouveau
qui bouillonne
Dans les vieux tonnelets de
chêne du cellier
Le claquement sourd de la
pompe qui résonne,
Et l’eau fraîche du puits
pour nous revivifier.
La véranda et les géraniums
de ma mère,
Et le banc pour s’asseoir à
l’abri du soleil,
La chatte et le chien à ses
pieds, solidaires.
Une douce quiétude envahit
l’atmosphère.
Ils sont partis laissant,
libre, la place à d’autres,
Mais elle, elle est toujours
là, présente et fidèle.
Elle a refait sa vie et elle
n’est plus des nôtres,
Mais de mon jardin je veille
toujours sur elle.
Michel et Yvette
Nous avons écrit ce poème, Michel et moi, en souvenir de cette petite maison, construite des mains de mon beau-père et qui est toujours vivante mais rénovée.