Dans la série: "les chats de ma vie"
Voici une histoire qui m'a beaucoup marquée,
celle de mon petit Filou
Extrait de mon livre: "Une bien belle petite famille "
Filou le petit mignon 1993
C’était un petit chat gris minuscule, suffisamment grand pour avoir quitté sa mère mais encore trop petit pour subvenir à ses besoins.
Notre voisin avait une vieille petite remise dont le toit était en partie ouvert du côté de notre terrain. Patricia et moi étions sûres d’avoir entendu des miaulements de bébé chat dans le secteur mais nous n’arrivions pas à en distinguer la provenance. Comment faire ? Les voisins n’étaient pas là. Nous entendions toujours ces petits cris de détresse et nous n’étions là que pendant notre heure de repas, il fallait retourner travailler. Enfin, nous le vîmes. Vite un escabeau, des chaises ; nous avons essayé de l’attraper, impossible de le tirer à nous. Il s’était glissé sous des planches et nous lui aurions cassé un membre. Il fallait le relâcher.
Le soir, il était toujours dans le même secteur. Alors a commencé le long apprentissage. Nous l’avons laissé dans cet endroit puisqu’il s’y sentait en sûreté. Il faisait chaud, nous étions en juin 1993. Je lui ai appris à manger du pain trempé dans un peu de lait, puis un peu de soupe des autres chats, mais il n’était pas toujours présent, et quand l’assiette était vide je ne savais pas si c'était lui qui avait mangé. Et puis, il fallait renouveler souvent car par la chaleur, cela aigrissait et les mouches abondaient dans le coin. Il a réussi à grossir un peu. On lui parlait beaucoup car on le voyait sur le toit. Il avait fini par s’habituer à nous.
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Dans le fond de notre jardin, il y a un grand appentis avec tout le confort possible pour des chats en quête d’un emplacement pour dormir. Un soir que nous étions assis, Michel et moi, sur un banc face à lui, nous l’avons vu descendre de son refuge. Nous n’osions pas bouger d’un cil. Il est passé fier devant nous, sans nous regarder et est entré sous l’appentis. "Il était sauvé" .
J’avais enfin moi aussi mon bébé chat ; il faut dire que dans ces temps là, ma sœur et ma fille s’étaient retrouvées, l’une et l’autre, heureuses propriétaires de chatons et moi je les enviais.
Donc mon petit Filou est arrivé dans notre jardin. C’était un grand coureur, même bébé il cavalait partout, mais dès que je l’appelais, il arrivait, il savait que c’était l’heure de la soupe. Cependant il était très sauvage, impossible de le toucher. Début juillet, les vacances en août. Je n’avais pas un mois pour l’amadouer et le faire entrer à la maison. Tous les midis, j’allais le retrouver dans son fief, je mangeais un sandwich près de lui et je jouais avec lui avec un bout de ficelle que je raccourcissais de plus en plus. Un jour j’ai pris une brindille de bois, et nous avons joué avec et j’ai constaté qu’il se frottait à elle. Je lui ai donc caressé le dos avec la badine et là Ô ! Miracle ! Je l’ai entendu ronronner. J’ai petit à petit diminué la longueur qui nous séparait. J’ai fini par lui gratouiller le dos avec la main et enfin j’ai pu le prendre sans problème. Il s’est blotti contre ma poitrine tout heureux. Je pense que c’était ce qu’il voulait depuis longtemps mais il n’a pas voulu faire le premier pas. Il était temps, j’avais gagné mon pari.
Quand nous sommes partis, je le savais en sécurité à la maison, Patricia devant prendre le relais pendant notre absence. C’était un amour de petit chat, on ne pouvait pas trouver plus affectueux. Calypso l’a tout de suite adopté, elle qui dépérissait loin de sa maîtresse. Quant aux jeux, c’était la folie avec Bip. Je ne me souviens pas avoir connu un chat aussi câlin, il me suivait partout, il était toujours sur le radiateur de la salle d’eau à attendre son bisou après le brossage des dents. Il adorait l’odeur du dentifrice !
Notre Filou a grandi, il est devenu un superbe gros chat, et comme nous ne voulions pas qu’il s’aventure trop loin à la recherche d’éventuelle compagne, nous l’avons fait castrer. Mal nous en a pris, il nous a quittés deux semaines après. Nous lui avions fait quelque chose qui était contre sa nature. Je ne pense pas qu’il soit mort. Je crois plutôt qu’il est parti ailleurs pour oublier ce qu’on lui avait fait. Nous avons fait du porte à porte dans tout le quartier, mais « des chats gris il en traîne partout alors vous comprenez… ». J’ai maigri de quatre kilos tant j’ai été malheureuse de son départ. Il est parti une nuit alors que la chatière était ouverte. J'ai juré que plus jamais mes chats ne sortiraient la nuit, ce qui fut fait avec l’arrivée de mes deux adorables petites puces, Chipie et Dorothée.