Prière
Ecoute, bûcheron, arrête un peu le bras;
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas;
Ne vois-tu pas le sang lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?
Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer nos déesses ?
Forêt, haute maison des oiseaux bocagers !
Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
Plus du soleil d'été ne rompra la lumière.
Plus l'amoureux pasteur sur un tronc adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous percé,
Son mâtin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette
Tout deviendra muet, Echo sera sans voix ;
Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue ;
Tu perdras le silence, et haletants d'effroi
Ni satyres ni Pans ne viendront plus chez toi.
Pierre de Ronsard
Je ne supporte pas que l'on tue un arbre et pourtant d'où je suis assise à prendre mon petit-déjeuner, tous les matins mon regard est attiré par la cime d'un gros chêne et celle d'un frêne. Je suis les saisons avec eux, je vois les pies et les corbeaux, je vois les branches secouées par le vent et le soleil se lever derrière elles. Mais hier j'ai vu une pelleteuse arriver, le terrain est très grand, le seul non construit. Je pressens un carnage. Il y a de quoi faire un lotissement et il ne vont pas se priver. Si seulement ces gens pouvaient lire ce poème!!!
Je vous laisse regarder la toute petite vidéo plus bas, et vous verrez ce que je vais perdre!