Je vous remonte un poème que j'ai écrit il y a quelques années alors que je longeais la Loire en quête de quelques sujets de tableaux
Prière pour les têtards ligériens
Sur la grève, elles saignent les grumes étalées,
Rossées et torturées, carcasses abattues.
Une sève rougeâtre colore leurs plaies.
Elles ne luttent plus, ne se débattent plus.
On les appelle trogne ou plus souvent têtard ;
C’est vrai qu’ils sont très laids, tortueux ou bossus,
Alors qu’ils sont frênes, saules, peupliers noirs,
Que l’on émonde sans cesse, les laissant nus.
L’hiver, ils n’ont plus de bras pour stopper le vent,
Pourtant, sans rancune, ils gardent dans leurs entrailles,
Des petits êtres, boules de poils doux, vivant
Serrés à l’abri, mais réchauffant leur poitrail.
Ils vous implorent, ô toi Lune et toi Soleil !
Ne les laissez pas continuer ce carnage !
Leurs spectres ventrus, crevés, tendus vers le ciel
Prient pour faire cesser ce terrible abattage.
Ils sont crucifiés par les prédateurs humains !
Dieux grecs ou bien romains, ou Saints du paradis,
Joseph ! Sauvez ces pauvres têtards ligériens !
Laissez les se mirer encor' dans l’eau qui luit.
Yvette