Les pas enchantés
Un parfum de grève mouillée s’est incrusté
Dans l’atmosphère de cette fin de journée.
Les rayons obliques du soleil ont teinté
Les nuages ouatés de couleur safranée.
Quelques mouettes survolent encore les boires
Et s’interpellent, rieuses, en tourbillonnant,
Fuyant le chahut au-dessus d’un boulevard
Issu d’un chemin aux souvenirs fascinants
Petit sillon creusé par les roues des charrettes,
Amoureux de la très belle et féconde Loire,
Aux fortes crues envahissantes et frisquettes,
L’abandonnant submergé à son désespoir,
Il cahotait, heureux, entre les roselières,
Longeant des closeries aux toits d’ardoises bleues,
Aux rampes abruptes et couvertes de lierre
Et des îles aux pâturages généreux.
Vision fugitive, encor qu’inoubliable,
Où l’on percevait le bruit des sabots de bois
Aux empeignes de cuir, sur l’inexorable
Caillasse recouvrant ce vieux sentier étroit.
Mais l’homme insatiable, voulant tout imposer,
A eu enfin raison de sa tranquillité
Et lentement il se vit métamorphosé.
Pour lui ce fut le temps de la prospérité.
Naguère, il prenait son temps, aujourd’hui il court
Il est puissant, fier, adulé, resplendissant.
Il se pare volontiers de nobles atours :
Graminées volages, iris opalescents,
Saules aux chatons d’argent, frênes frémissants,
Osiers aux tiges cuivrées, ormes aériens,
Salicaires aux tons pourpres éblouissants
Le laissant ravi au crépuscule qui vient.
Béjar / Yvette
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