GRAND-LIEU
Ami, quelle est cette cloche teintant là-bas ?
Ne sens-tu pas un frisson parcourir les flots ?
Du lac monte une plainte qui n’en finit pas,
N’est-ce pas Herbadilla qui gémit sous l’eau ?
Un frémissement furtif court entre les plates,
Ce n’est qu’une vive joselle exaspérée.
Le bal des grenouilles commence une sonate
Parmi les macres aux nombreux fruits chamarrés.
Les rayons percent l’écharpe d’organdi
Et finissent leur course sur les grands roseaux,
Parant de tendres libellules alanguies
De teintes diaprées, ainsi qu’un fin pinceau.
Un héron cendré, très peu craintif est juché,
Haut sur ses pattes, sur une yole endormie.
Deux bosselles attendent, vides, sans brochet,
Ni anguille, ni carpe, enlisées à demi.
Un vieil aulne dénudé surveille, blasé,
Cette nature aux manières sibyllines,
Aux ciels d’or mordorant les grèves envasées
Et crépuscules à reflets de cornaline.
Saint Martin relèvera-t-il le mauvais sort ?
En ce cas, Herbauge, l’engloutie, renaîtra,
Des profondeurs de l’onde, prendra son essor
Et
Nantes, sur ses rives, s’évanouira.
Béjar/Yvette
Commenter cet article