PAYS NOIR
A l’heure où un doux soleil encore engourdi
Par les brumes de la nuit empourpre les meules
Et les loges aux coiffes de chaume alourdi,
La Brière sort de son vaporeux linceul.
Un chaland léger glisse lentement sur l’eau,
Jaspant la surface d’un éventail doré,
Troublant un instant le héron dans les roseaux,
Puis disparaît derrière des saules nacrés.
Les blondes roselières ondoient sous le vent ;
Une odeur suave de tamaris nous grise ;
La nature déploie des charmes enivrants,
Au fil d’une belle journée qui s’éternise.
Le marais est là, envoûtant. On le respire.
Il nous interpelle, nous fascine, charmeur.
Mystérieux et légendaire, il nous attire
Vers les inquiétants brouillards de ses profondeurs.
Pays noir du précieux morta millénaire,
Où chaque bruit chuchoté à la nuit tombée,
Nous fourvoie dedans ses labyrinthes pervers,
Et où planent de pauvres âmes égarées.
Pays bleu où le soleil reflète dans l’eau,
Pays d’eau, de lumière, pays enchanteur,
Pays de brumes épaisses et de canaux,
Enfin pays du retour des grands
migrateurs.
Yvette
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