Un petit passage sur mon enface
En Algérie, à Gouraya chaque gendarme avait le droit d’avoir des poules. Nous aussi, nous en avions. Mais quand je revois
ce poulailler, je pense aux dindons qui faisaient «glou-glou-glou » quand on sifflait mais surtout à Nénette notre sanglier. En fait, c’était une laie.
Au cours d’une battue notre père, qui était chasseur, ( Horreur! je vous entends d'ici!) l’avait rapportée tout bébé à la maison car sa mère avait été tuée et elle-même était blessée. Nous n’avions jamais vu de marcassin et il pensait nous faire plaisir en nous le ramenant. Maman était horrifiée de voir ce carnage, il n’était pas question de laisser cette petite chose toute zébrée sans soins. Elle avait encore des biberons nous appartenant, et notre Nénette a pu être nourrie et sauvée. Quand elle a commencé à manger les tétines de caoutchouc, à glisser sur le carrelage et se casser la figure dans la maison, elle fut installée dans le grand poulailler. Elle mangeait des glands grillés, des glands doux, qui étaient si bons que j’allais lui en chiper. Mon frère Pierrot lui faisait faire de grandes promenades aux alentours, elle le suivait comme un chien. Tout le monde la connaissait dans le village.
Un jour qu’elle avait décidé de faire sa promenade toute seule, elle est partie en direction du petit bois, voir les
campeurs, et s’est aventurée parmi les tentes : la panique !!! Elle a failli se faire tuer, les campeurs s’étant armés de fourches et de bâtons. Heureusement pour elle, un indigène l’a
reconnue et il est venu nous prévenir.
Nous sommes entrés en France et il a fallu la laisser, plutôt l'euthanasier. J'en ai des frissons encore quand j'y pense, elle ne pouvait pas être confiée à un zoo, sa colonne vétébrale, abîmée
par les chiens lors de sa capture, n'était pas droite. Elle était difforme.
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