JJ Rousseau, les chênes de Fontainebleau
Le matin et les arbres
Quand le paquebot Terre, un à un ses hublots
S'ouvrant, livre passage aux oiseaux familiers,
Ces bras blancs qui saluent le jour comme leur frère?
Nous croyons voir entrer le meilleur de nous-mêmes;
Avec les premiers pas du soleil réveillé.
Est-ce là devant nous les arbres du printemps
Ou bien la vague haute ou chercheuse d'écume ?
Il est encore trop tôt pour comprendre et savoir,
Le regard est grevé d'un peu d'obscurité.
Contentons- nous d'être un vivant un jour de plus,
D'entendre en nous ce coeur qui ne s'est pas couché
Et peine nuit et jour dans d'égales ténèbres
Pour préparer un peu de ce qu'il croit bonheur.
Et nous le laisserons croire parce qu'il faut
Que le mensonge aussi soit au fond de nous mêmes
Pendant que le soleil feint de monter au ciel
Et toujours nous attrappe avec sa même ruse.
Jules Supervielle.
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