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par
Yvette
- Je rêve d'îlots rieurs et de criques ombragées
- Je rêve de cités verdoyantes silencieuses la nuit
- Je rêve de villages blancs bleus sans trachome
- Je rêve de fleuves profonds sagement paresseux
- Je rêve de protection pour les forêts convalescentes
- Je rêve de sources annonciatrices de cerisaies
- Je rêve de vagues blondes éclaboussant les pylônes
- Je rêve de derricks couleur de premier mai
- Je rêve de dentelles langoureuses sur les pistes brûlées
- Je rêve d'usines fuselées et de mains adroites
- Je rêve de bibliothèques cosmiques au clair de lune
- Je rêve de réfectoires fresques méditerranéennes
- Je rêve de tuiles rouge au sommet du Chélia
- Je rêve de rideaux froncés aux vitres de mes tribus
- Je rêve d'un commutateur ivoire par pièce
- Je rêve d'une pièce claire par enfant
- Je rêve d'une table transparente par famille
- Je rêve d'une nappe fleurie par table
- Je rêve de pouvoirs d'achat élégants
- Je rêve de fiancées délivrées des transactions secrètes
- Je rêve de couples harmonieusement accordés
- Je rêve d'hommes équilibrés en présence de la femme
- Je rêve de femmes à l'aise en présence de l'homme
- Je rêve de danses rythmiques sur les stades
- Et de paysannes chaussées de cuir spectatrices
- Je rêve de tournois géométriques inter-lycées
- Je rêve de joutes oratoires entre les crêtes et les vallées
- Je rêve de concerts l'été dans des jardins suspendus
- Je rêve de marchés persans modernisés
- Pour chacun selon ses besoins
- Je rêve de mon peuple valeureux cultivé bon
- Je rêve de mon pays sans tortures sans prisons
- Je scrute de mes yeux myopes mes rêves dans ma prison
- Bachir Hadj Ali. In Que la joie demeure.
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