Notre vieux chêne.
Il nous est apparu un jour d’hiver, bien seul,
Mais majestueux au milieu de son grand champ.
L’envie nous saisit de protéger cet aïeul
Ce géant au tronc rugueux et aux bras puissants.
Nous avons construit notre vie autour de lui,
L’accompagnant, fraternels, au fil des saisons
Et souffrant avec lui quand la neige et la pluie
Et le vent fracassent ses branches sans raison.
Avril nous ravit à l’éclat de ses bourgeons
Mordorés et doux comme de la soie, parant
D’une auréole délicate son fronton,
Prémices d’un renouveau encore hésitant.
Et alors, quand le vert triomphe en sa feuillée,
Quand l’ombre translucide s’étale en dentelle
Sur la mousse moelleuse et fraîche de juillet,
Nous savourons cette plénitude immortelle
Puis brusquement notre vieil ami se déchaîne.
C’est une explosion de feuilles ocres et rousses
Qu’il libèrera une à une de leurs chaînes
Vers le ciel, futures astres de la Grande Ours.
La morte saison ravine l’écorce rude
De notre vénérable, tordant ses rameaux,
Le rendant vulnérable dans la solitude
De l’hiver gris, privé de ses doux oripeaux.
Mais ne nous y trompons pas. Quand tombe la nuit
Et que la lune se nimbe d’un halo gris,
Une dryade entame sur l’herbe qui luit
Une danse complice empreinte de magie.
Des lutins farceurs, trébuchant sur ses racines,
L’encerclent, joyeux, le réchauffant de leurs rires
Enfantins et cristallins comme des clarines
Qui l’ensorcellent afin de mieux l’endormir.
A son réveil, sa force se décuplera,
Ses bras enfin dressés vers le ciel et ses pieds
Bien en terre, c’est lui qui nous protègera,
Paternel, des malveillances du monde entier.
Yvette
C'est l'histoire toute simple et véridique
du grand chêne plus que centenaire
qui vit toujours à Arthon chez notre fille.
C'est lui qui nous a attirés
quand nous avons acheté le terrain.
Il était seul mais si beau!