Sur ce panneau , j'avais décrit le trajet de la Loire.
Depuis sa source au Mont Gerbier de Jonc
jusqu'à Saint Nazaire
avec tous ses affluents, même les petits.
Donc tableau sur le Mont à gauche
et le pont de St Nazaire au milieu en haut
Bon, j’en arrive au plus beau moment de mon expo.
Un couple de 75 ans,
(L’âge est nécessaire pour la suite de mon histoire, moi j’ai 68 ans),
Est entré dans la galerie pour voir mes peintures
Et comme c’est sur 2 niveaux, ils sont montés à l’étage.
Comme des personnes me questionnaient en bas sur mon livre et sur l’Algérie,
Ils ont entendu ce que je disais.
Le monsieur avant de partir me demande où j’étais née
Mais en fait il voulait savoir où se trouvait Gouraya, mon beau village.
Je l’ai renseigné et il me dit : « ma femme était à Constantine. »
Et moi : « alors là mon mari pourrait vous en parler mieux que moi »
Et justement celui-ci arrivait et ils ont pu parler de cette ville.
Mais le monsieur lui réfléchissait, mais dur !!!!
Il cherchait dans sa mémoire.
Gouraya lui disait quelque chose, mais quoi ?
Quand je lui ai dit que c’était sur le littoral, alors là :
« Mais oui, ça y est! je m’en souviens, j’y ai passé des vacances »
« Ah ! bon ? en quelle année ? »
« Oh ! après la guerre, 47 ou 48. J’allais chez mon oncle. »
« Ah ? et comment s’appelait votre oncle ? des fois que… »
« Oh ! il était gendarme ! »
« Gendarme? à Gouraya ? Dans ces années là ?
Mais moi aussi j’y étais à cette époque, j’étais petite
Et mon père était le chef de la gendarmerie»
« Moi j’avais environ 12 ans et je me souviens très bien du chef. »
« Comment s’appelait votre oncle, ce gendarme ? »
« Morère !! »
« Quoi ? non! ce n’est pas possible ! J’en parle dans mon livre.
Il est sur plusieurs photos avec ses filles.
J’ai même des anecdotes le concernant. J’adorais ce gendarme. »
Et voilà comment on reprend contact avec des gens qu’on ne pensait pas revoir.
Ce monsieur, enfant a dû s’amuser avec mes frères.
Moi, je ne me souviens que de sa mère,
une dame très gentille et qui venait chez nous voir notre mère .
Ce couple habite dans ma ville depuis 32 ans et je ne le savais pas.
Je lui ai offert un livre et il m’en a acheté un pour ses cousines.
Il m’a appelée hier pour me dire qu’il avait pris contact avec elles
Et qu’elles allaient m’appeler à leur tour.
Elles étaient vraiment très surprises elles aussi.
N’est-ce pas beau tout ça ? J’étais très émue, au bord des larmes.
Voilà à quoi mènent la peinture et l’écriture.
Depuis je reçois des mails ou des coups de fils
de pleins de gens intéressées par mon expo.
Pas pour acheter, non, c’est plus profond,
« Pour parler, pour raconter."
Et voilà, je pense vous avoir tout dit.