Je continue sur ma lancée
Ati, petite chatte noire est arrivée chez nous en faisant comme Biquet,
en forçant la porte de notre cœur!
Article un peu long, mais cette petite chatte méritait qu'on ne l'oublie pas.
Ati la doyenne, elle était belle. Photo scannée!
Ati, la doyenne.
Nom d’origine : Nounouche (décembre 1975)
Surnommée Ati, Atiloup, Louloute, La Loute, Vieux pou, vieux croûton, Patte de fer et j’en oublie …
On dit : Qui pignoche, vivoche. Eh bien ! Voilà Ati. Vingt-deux ans près de nous, vingt-deux ans de soins.
Déjà quand nous l’avons vue pour la première fois à la SPA, en décembre 1975, où nous allions toutes les semaines Patricia et moi, rendre visite et gâter un peu tous ces malheureux, nous savions que nous aurions beaucoup à faire pour cette petite chatte. Elle était si menue, maigre ; elle passait par les plus petits interstices de l’enclos, et allait rendre visite aux chiens. Mais le pire, elle était déhanchée. Elle nous suivait partout dans les locaux de la SPA, mais le plus émouvant, c’est qu’elle s’était glissée sous mon grand manteau et commençait à grimper le long de mon pantalon. Ce n’était pas un bébé pourtant, mais elle voulait que nous l'emmenions. Patricia pleurait, elle voulait qu’on l’adopte. Comment faire ? Nous n’avions pas de panier et un chat de plus à la maison, il n’en était pas question. Tant pis, on tente le coup. Et voilà, notre petite bête qui nous a suivies en clopinant dans tout le refuge jusqu’au bureau. Elle nous avait choisies, nous ne pouvions pas la laisser. Elle a fait le trajet dans un carton dans la voiture. L’aventure commençait. Le soir même, la chatte était prostrée, fiévreuse. Elle avait un abcès à la patte. Ensuite, des problèmes intestinaux et pour clore le tout, la teigne. Pauvre petite misère (suite plus bas!)
Ati au retour de chez le véto. Sage, elle n'a pas retiré son bandage! mais il lui fallait aller aussitôt dans son jardin
Donc, antibiotiques et traitement pendant quatre semaines contre la teigne. Un vrai calvaire pour cette petite chatte minuscule. Elle faisait pitié. Du fait de sa maigreur, son déhanchement paraissait beaucoup, mais avec une bonne nourriture cela s’atténuerait. Elle nous en a fait voir de toutes les couleurs durant ces vingt-deux années. D’abord pour sa teigne, elle s’est sauvée de chez le vétérinaire. Elle avait réussi à sortir du panier et rentrer dans un jardin où il y avait des chiens et il commençait à faire nuit. Heureusement, on lui avait appris à répondre au sifflet, si bien qu’on l’a retrouvée sur un toit. Le traitement fini, tout allait bien, mais elle s’est trouvée un copain et voilà notre petite bête enceinte. Impossible d’accoucher, il a fallu l’intervention du vétérinaire. Nous avons fini par décider de la faire opérer pour que ce problème ne se reproduise plus. C’était au printemps 1976, cela faisait à peine six mois que nous l’avions.
Près de chez nous, il y avait un terrain sur lequel un voisin avait entreposé des planches d’échafaudages. C’était branlant et elle avait l’habitude d’y aller. Et comme cadeau de début d’année, le 2 janvier 1977, elle réussit à rentrer à la maison, à sauter sur la table, y laisser des traces de sang, avec une patte cassée, fracture ouverte. Vétérinaire de garde de l’autre côté de la ville, opération un dimanche, facture importante, mais tant pis. Notre Louloute s’est retrouvée avec une broche qu’elle a gardée toute sa vie. Vers la fin de son existence, avec le retrait des os et des chairs, on sentait facilement la tige de métal. On l’appelait la Dame de fer.
Mais tout n’était pas fini pour elle. Je continue. Ses poils tombaient, elle finissait par se retrouver presque nue. Donc, traitement. Tous les 6 mois elle avait une piqûre, puis cela devenait plus fréquent, et ce genre d’eczéma fut remplacé par un œdème pulmonaire. Quand elle avait des crises, elle allait se cacher dans la vigne, et on avait de la peine à la retrouver. On l’a emmenée trois fois en urgence et mise sous oxygène, et toujours chez un vétérinaire de garde. Donc, toujours sous Lasilix, le remède miracle qu’elle prenait sans difficulté. Il lui fallait beaucoup de calme et dès que cela allait mieux elle savait nous le faire savoir en ronronnant, ce qu’il ne fallait surtout pas, car elle étouffait. Donc beaucoup de calme.
Et puis on a connu la période constipation, dès qu’elle vomissait, on savait ce que cela voulait dire, un suppositoire Microlax bébé ! Elle se laissait faire, nous utilisions le terme «tire-bouchonner». On ne pouvait pas s’absenter plus de trois jours, car il y avait ce fameux suppositoire.
Tous les étés je me disais : il fait trop chaud, elle ne passera pas l’été.
Tous les hivers elle toussait et je pensais : elle ne passera pas l’hiver.
Je n’ai pas compté le nombre de fois, où nous l’avons cru perdue. Patricia me disait qu’elle avait la peau dure et qu’elle s’en sortirait et c’était vrai. Elle a choisi de nous quitter quand je suis moi-même tombée malade. Un soir, elle s’est éteinte tout doucement sur mon lit, avec sérénité, une patte dans ma main. Elle ne voulait plus être une charge pour moi. C’était vraiment une copine pour moi. Elle m’a accompagnée si longtemps et était un exemple de résistance, elle voulait vivre. (suite et fin plus bas)
A une époque elle était grosse , une petite boule!
Un jour, il y a eu un drame à la maison. Elle s’entendait bien avec les chiennes mais elle avait quand même son caractère. Elle aimait bien se frotter à elles, mais une fois elle a dû lever la patte et cela n’a pas dû plaire à Anka qui lui a donné un coup de gueule et lui a malheureusement cassé la mâchoire inférieure. Pas d’opération possible, il fallait qu’elle vive avec, et c’est ce qu’elle a fait. Au début je l’aidais puis elle a appris à se la remettre toute seule comme un petit écureuil qui fait sa toilette avec ses deux pattes, assis sur son derrière. Cela posait un problème aussi pour lui donner son comprimé de Lasilix, sa mâchoire se démettait à chaque fois.
Quand elle avait ses crises d’asthme, elle ne mangeait plus du tout tant elle était épuisée. Il fallait la nourrir à la seringue, avec du foie cru râpé et surtout de la rate. Et elle repartait pour une nouvelle vie.
Malgré son handicap, elle réussissait à grimper aux arbres : la petite chienne des voisins avait réussi à entrer dans notre terrain et elle a poursuivi notre Louloute, celle-ci a grimpé au mimosa et s’est retrouvée sur le toit de la maison, toute fière de son exploit.
Ati était une petite chatte très douce mais sachant se faire respecter. Elle ne se gênait pas pour cracher sur celui ou celle qui lui manquait de respect. Quand un jeune chat arrivait à la maison, il fallait l’éduquer, c’était elle qui s’en chargeait. Elle cédait sa place à une autre s’il y avait une autre chatte, sinon c’était elle qui prenait cette responsabilité.
Vers la fin de ses jours, la pauvre n’avait plus de forme : son déhanchement s’était accentué, sa broche formait une protubérance à l’épaule, et puis les rhumatismes, l’arthrose la forçaient à se coucher toujours du même côté si bien qu’elle marchait en «demi-cercle» tout en clopinant. C’était un vieillard. On l’aurait facilement vue avec une canne. Nous plaisantions quand nous la voyions marcher devant nous, mais ça ne la dérangeait pas le moins du monde : elle était heureuse comme ça.
L’hiver ma vieille chatte adorait dormir sur le radiateur du salon. C’était bien confortable, mais quand-même un peu haut pour elle. Elle arrivait à l’atteindre en passant par le canapé. Sur ses vieux jours elle perdait souvent l’équilibre, et si elle avait le malheur de faire une toilette un peu poussée, alors elle se cassait la figure. Il a fallu que je dispose deux chaises recouvertes de coussins devant le radiateur afin d’amortir la chute. Par la suite, elle s’est contentée de cette installation plus accessible et toujours près d’une source de chaleur. Là encore j’ai été obligée de déposer des coussins par terre pour éviter qu’elle ne se fasse mal en tombant.
Il y avait une espèce de complicité entre nous deux, nous nous comprenions parfaitement. Un regard et cela suffisait. Elle avait sa place sur mes genoux le soir devant la télé. C’était une très grande ronronneuse. Le meilleur moyen pour savoir si elle allait bien c’était de la regarder, si elle ronronnait aussitôt, c’était bon signe. Elle a eu beaucoup de misère, mais elle avait une volonté de fer de s’en sortir. En fait elle ne se laissait jamais abattre.
J’ai eu beaucoup de chats autour de moi, mais cette petite misère a vraiment marqué mon existence, surtout par sa personnalité si on peut dire, sa rage de vivre, sa confiance en nous et en la vie. Elle souffrait en silence, mais on sentait en elle de l’espoir. Je l’appelais «ma copine », et je redoutais le moment de la séparation.
C’était Ati, notre Louloute, notre vieux pou, notre vieux croûton comme l’appelait son maître.