Je suis née à Bou-Medfa en Algérie. Mais j'étais trop petite pour me souvenir de ce petit village. Par contre celui où j'ai atterri à l'âge de quatre ans, Gouraya, lui je ne l'ai pas oublié, j'en ai même écrit un livre: "Gunugu ou les roses de Gouraya"!
La photo présente la caserne où j'ai passé mon enfance de 4 à 10 ans, les trois fenêtres de droite! Elle existe toujours mais plus en tant que gendarmerie, c'était un ancien fort!
Là-bas, c’était chez nous.
Un gentil petit village qui s’allongeait,
Tout blanc, sur la seule route nationale,
Sinueuse et escarpée, d’Oran à Alger,
Et que bordait un pittoresque littoral.
Là-bas, c’était chez nous.
Le ciel et la Méditerranée, toujours bleus,
Se confondaient sur un horizon très lointain.
Les plages des criques avaient des tons cuivreux,
Des galets, des coquillages, du goémon fin…
Là-bas, c’était chez nous.
Des grands palmiers bordaient une allée en pierraille,
(Mes genoux s’en souviennent encor(e)), descendant
Vers une petite église au charmant vitrail
Encastrée au fond d’un bordj éclatant de blanc.
Là-bas, c’était chez nous.
Et le soleil si chaud ! Un vrai soleil ! Magique !
Il avait le don de tout métamorphoser.
La langue cosmopolite à l’accent typique,
Chantant à nos oreilles d’enfants, nous plaisait.
Là-bas, c’était chez nous.
Les parfums des oranges et du mimosa
Se mélangeaient à ceux intenses des épices,
Des melons, des bécess et du miel des zlabias,
Des olives et des couronnes à l’anis.
Là-bas, c’était chez nous.
Dans les cafés maures, dominaient le koumoun,
Le felfel, d’odeurs puissantes, la loubia,
Mélangées au poisson fumant sur le canoun,
Aux vapeurs du thé à la menthe et au cawa.
Là-bas, c’était chez nous.
Dans leurs gourbis, des musulmanes caquetant,
Roulaient avec doigté le merveilleux couscous
Autour d’un tajine en bois pour le Ramadan
Et les hommes à chéchia rouge et grand burnous.
Là-bas, c’était chez nous.
Et les mots ! Les noms des villages!
La mouna ! Les makrodes ! La caca d’chat !
Les plaquemines écarlates ! La kémia ! La harissa !
Gouraya ! Cherchell ! Lafayette ! Bou-Medfa !
Et s’affolent et s’envolent les vers et les rimes …
Là-bas ! LA-BAS …
Et encore maintenant c’est toujours chez nous ;
Et si vous y passez, alors racontez-nous.
Yvette
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