Le vieux mur !
A quoi pense donc ce vieux mur
Formant le clos d’un lieu champêtre,
Orpin et lierre pour parure,
Et liseron qui s’enchevêtre.
La petite faune grouillant
Dans ses anfractuosités
Lui prouve qu’il est bien vivant,
Fier de son hospitalité.
Entre ses pierres craquelées
Disjointes par une lézarde
Quelques fourmis écervelées,
Paresseux lézard qui musarde.
Le nombril de Vénus, charnu
Dans son limbe met à l’abri
Quantité de trotte-menu :
Chenilles, grillons assoupis.
Il sait ce que l’on dit de lui.
Que les vieux murs ont des oreilles !
Que de beaux serments il a ouïs !
Dissimulé sous une treille.
Accotés à ses vieilles pierres,
A son ombre se projetant
Sur le chemin et ses ornières,
Quelques jeunes cœurs palpitants.
On l’imagine alors servant
De cachette à des billets doux
Déposés là, à la sauvette
Et maintenus par un caillou.
Parfois de jeunes casse-cou
Hasardeux l’ont escaladé.
Pierres sont tombées après coup,
Sombres cavités ont sculptées
Qu’il est loin le temps des charrettes
Transportant les meules de foin
Le cantonnier et sa brouette,
Pierres écroulées sont témoins.
Il dure toujours ce vieux mur !
Et vivra encore… après nous.
Yvette